
Le peintre et la mer
Diaprée d’azur, l’onde cristalline
Irise la fine nacre de la mousse blanche,
Valse sur le velours de la vague câline
Que la douce brise lentement déhanche…
Le creux se fait plus rond, la houle qui roule,
S’ourle, langoureuse, de brefs reflets roux
Et la lame saisie par l’ivresse, saoule ,
Du lourd ressac adoucit le courroux
Le peintre approche .Il est prêt, le trépied
Dans le sable pénètre, le petit pinceau
Prend les proportions qu’il répand sur le papier
Le pin au premier plan parait un arbrisseau
Au loin les ocres jaunes se mêlent aux orangés ,
C’est l’heure où la lumière épouse la mer,
Où les ors rangés aux vermeils mélangés
Dédient aux dieux leur merveilleuse prière.
Les tons pastels rendent plus vertueuse
Au ciel limpide l’homélie de l’eau vive,
O magie de la soie qui danse, radieuse,
Que la couleur chatoie ! Que la beauté revive !
Dans nos mémoires ainsi que dans nos yeux,
Qu’ un doux frisson fuse et froisse notre peau
Quand la mer déroule ses charmes mystérieux
Dans le calice d’une toile où trône Calypso !
DM 2004
Mazurche-op.17 n.3 in la bemolle maggore
Frederic Chopin