Golfes d'Ombre

Le baiser pourpre


Je sais les froissements bruns
D’un regard désenchant
Eperdument tourné
Vers l’océan sec et muet
Aux marées d’autrefois

Je sais la sourde plainte
A peine effleurée
Par ce murmure au sourire las
D’une plume esquissant ses mots
Sur la feuille docile

Je sais la brume grisonnante
Des silhouettes au sombre éclat
Rompant d’un gest
Le pain blond sans saveur
Dans une autre vie ailleurs

Je sais l’ombre et la lumière
Entre dunes de soie
Et plaines poussiéreuses
Erigeant les vieux murs
De l’Amour impossible

Le baiser pourpre de la rose
Que j’invente pour toi
Pose pourtant sur tes lèvres
Les battements rebelles
D’un oiseau libre.

— Patricia Romanet